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J’ai longtemps hésité à écrire cet article mais aimant beaucoup les animaux et étant sensible par la protection et la sauvegarde de la faune sauvage, j’ai souhaité avant tout sensibiliser les lecteurs voyageurs concernant cette activité que l’on effectue en Asie.
Je cherche donc juste à partager avec vous MES impressions et MA réflexion sur cette activité que j’ai faite lors de mon voyage en famille en Thaïlande du nord.
Si vous comptez bientôt aller en Thaïlande ou en Asie du Sud-Est et que vous hésitez encore à faire cette activité, peut-être changerez-vous d’avis en lisant ces quelques lignes sur cette activité que beaucoup de touristes ignorent encore beaucoup ? Du moins, je l’espère fortement !
SOMMAIRE DE L'ARTICLE :
On a testé la marche à dos d’éléphant en Thaïlande du nord et on regrette !
Comme vous savez, faire une balade à dos d’éléphants est l’une des attractions touristiques préférées des touristes en Asie du Sud-Est : en Thaïlande, en Inde du Nord ou encore par exemple au Cambodge.
Ces balades à dos d’éléphants font chaque année polémique avec des accidents, des révélations sur la maltraitance des pachydermes etc. Il y a quelques semaines une nouvelle polémique est tombée avec cette triste nouvelle : un éléphant est mort d’épuisement et d’une crise cardiaque près du site d’Angkor Vat au Cambodge liée à l’activité touristique trop intense.
Lors de notre voyage en Thaïlande du Nord, j’ai voulu me faire une idée de ce qu’était vraiment cette activité et avec du recul, je dois dire que je regrette bien un chose, c’est de l’avoir fait.
J’ai effectué cette balade dans le Nord de la Thaïlande, à 1h30 de Chiang Mai. Vous trouverez d’ailleurs beaucoup d’organismes qui proposent cette activité. J’avais choisi un organisme (dont je tairai le nom) qui était selon moi le plus “sérieux” et avec les meilleurs commentaires sur TripAdvisor. La balade était certes bien ficelée, ludique et organisée avec :
- Une première étape dans un marché pour acheter des bananes pour les éléphants,
- Une première rencontre avec les éléphants en leur donnant des bananes et en apprenant quelques mots en mahouts (nom de la tribu locale) pour que l’éléphant comprenne nos ordres une fois sur lui !
- Avec ensuite d’une “initiation” pour monter sur un éléphant, considéré un peu comme un “entrainement” pour s’habituer à être sur le dos de l’animal avant LA grande balade de 1 heure dans la forêt qui se conclut par un bain avec notre monture (en les arrosant, en les frottant)
Pourquoi nous regrettons ?
Tout d’abord, à titre personnel, nous avons fait cette activité avec notre bébé de 10 mois (non, non ne nous prenez pas pour des fous !). Malgré que tout se soit très bien passé puisque nous avons été bien encadrés, c’était tout de même bien physique et stressant pour nous d’être à la fois sur un éléphant (sans harnais et sans protection) tout en portant notre enfant dans le sac de portage et en essayant de garder l’équilibre pour ne pas tomber de l’éléphant (tomber à 3 mètres de hauteur, ça peut faire mal !).
Puis, bien sûr je regrette aussi d’avoir fait cette balade car je me suite vite rendue compte que les éléphants étaient bien dociles avec les touristes. J’ai aussi réalisé que la plupart des éléphants avaient les pattes liées entre elles. J’ai ainsi voulu m’intéresser un peu plus afin de savoir quelle(s) étai(ent) la/les raison(s) de cette docilité ? Mieux vaut tard que jamais, dira-t-on.
Explications !
Cette grande balade consiste donc à monter sur un éléphant (soit une ou deux personnes par éléphant) et à se balader dans une foret à la végétation luxuriante (très beau paysage malgré tout) où une dizaine d’éléphants se suivent avec à leurs côtés un Thaï qui porte un “bullhook ” (comme un pic à glace) à la main en cas de “dérapage” et pour les mener sur le droit chemin (il y a au moins un Thaï pour 2 éléphants mais selon les organismes, cela peut être même plus ! grrr ! ) …mais pas seulement ! J’ai pu remarquer qu’un des Thaï se servait entre autre du “pic” pour donner l’ordre à l’éléphant de s’allonger dans l’eau pour que le touriste vive l’expérience du bain. Encore un moment certes bien sympathique mais n’oublions pas avant tout que l’éléphant n’est pas dans son élément naturel.
En prenant des vidéos durant la balade, je ne m’étais pas rendue compte que le Thaï utilisait pas mal son pic tout du long. C’est alors en visionnant les vidéos que je m’en suis rendue compte.
Sur place, les éléphants ne montrent pas de blessures particulières sur leur corps (ou c’est peut-être bien caché), mais ils semblent tout de même fatigués …normal n’est-ce-pas ? surtout lorsqu’on pense que les éléphants font cette activité TOUS les jours (sachant que l’activité sur place durent environ 2h00-3h00) et qu’il peut arriver qu’ils n’aient pas le temps de boire et manger durant l’activité.
Dès mon arrivée sur le site, je remarque aussi que les éléphants sont enchaînés aux pattes et que dans l’un des endroits où ils sont parqués il y a de grands poteaux munis de barbelés pour maintenir leur abri. Ces barbelés sont là pour éviter aux éléphants de renverser ces poteaux et donc que leur abri s’effondre sur eux. OK…certes, mais cela reste quand même des barbelés bien tranchants !
La balade quant à elle, est certes très atypique et marquante. Mais n’est-il pas intéressant de voir plus loin et essayer de comprendre pourquoi l’animal devient aussi docile face à ces touristes et quelles sont les réelles conditions de vie d’un éléphant ?
Voici plus de détails sur ce que j’ai pu apprendre
Tout d’abord, pour parvenir à rendre l’éléphant docile, il faut lui infliger de nombreuses souffrances et tout un processus pendant plusieurs jours. L’éléphanteau est d’abord arraché à sa mère pour ensuite le soumettre à un rituel appelé “phajaan” qui signifie “briser, broyer l’éléphant”, c’est à dire séparer l’âme de son corps pour l’amener à obéir et à se soumettre. Il est donc enchaîné, battu à des endroits bien stratégiques et traumatisé (avec une privatisation d’eau, de nourriture) pendant plusieurs jours pour que ce triste rituel fasse bien effet. L’éléphant ainsi traumatisé est donc prêt à accepter n’importe quoi pour ne plus revivre ce moment plus que cruel et traumatisant. Il est alors soumis à l’Homme et garde bien en mémoire cette peur et ce traumatisme pour le restant de sa vie. Ainsi, le dressage avec l’éléphant est plus simple pour lui apprendre les bases du “folklore” et amuser la galerie et aussi pour l’une des activités principales : le tourisme (à travers les balades, des acrobaties, des éléphants peintres ou encore footballeurs).
Sachez tout de même que 50% des éléphants qui subissent ce “phajaan” meurent pendant ce triste rituel. Et après ce rituel, l’éléphant subira de façon (plus) “discrète” des rappels de maltraitance avec des coups sur leurs plaies si l’éléphant n’accepte pas de faire ce que son maître souhaite lui faire faire.
J’ai pu lire qu'”au début du 20ème siècle, on comptait environ 100 000 éléphants en Thaïlande. Aujourd’hui on estime qu’il en reste un peu moins de 5000 (la moitié domestiqués)”. Ces chiffres nous laissent tout simplement penser qu’à ce rythme, les pachydermes pourraient disparaître d’ici une trentaine d’années.
Chaque voyageur a le choix de faire ou non cette activité. Mais essayons de penser aux conditions des éléphants et de ne pas se voiler la face.
Même si c’est une espèce protégée, l’éléphant est une source de profit importante en Thaïlande. C’est donc au touriste d’essayer de changer la donne et de ne plus faire ce genre d’activité. Essayons plutôt de faire un pas à notre manière, eu étant un minimum responsable et soucieux des conditions des pachydermes, en évitant de faire ce type d’activité afin qu’elle soit reconnue dangereuse pour l’éléphant. Laissons ces éléphants dans leur habitat naturel et essayons de penser différemment.
Si à tout hasard, vous n’êtes pas encore convaincus par le fait qu’il ne faut pas faire ce type de balade, je vous laisse découvrir l’article écrit par les blogueurs Maryne et Jules du blog Explore le Monde, qui ont eux aussi écrit un très bon article expliquant les méfaits de tout trek et balade à dos d’éléphant.
A bon entendeur…
NB: Cet article concerne une activité que nous avons effectué en 2014…
Hier soir, nous dînions avec un ami d’enfance qui vit depuis plus de 15 ans en Thaïlande. Je lui ai parlé de de fameux « phajaan » que les sites internets s’évertuent à copier et recopier à l’infini. Il m’a affirmé que ce type de dressage est désormais formellement interdit et que tout ce qu’on lit sur le web n’a aucun fondement. Effectivement, à posteriori, on se rend compte que c’est posté par des inconnus, pas par des associations connues ou reconnues.
Il n’a jamais vu cela en Thaïlande, loin s’en faut. Au contraire, il ne connait que des centres pour la protection de ces mastodontes qui ne sont pas aussi agressifs qu’on l’imagine. Sans parler que la loi interdit désormais qu’on utilise ces animaux pour le travail
Alors je suis en vacances en Thaïlande et cette activité est toujours proposée facilement y compris en plein coeur de ville comme Ayutthaya.
Quelle tristesse 🙁